L’ère Sarkozy, la rupture avec la françafrique ? Mensonges, mensonges et mensonges

Publié le par GUILLAUME DELLOH

 


Robert Bourgi, cet avocat français, dont le nom rime avec les réseaux occultes de la ‘’françafrique’’, selon la presse française, vient d’allumer un incendie en faisant des révélations assez troublantes. Dans une interview accordée à l’hebdomadaire Le Journal Du Dimanche et la radio française RFI, il affirme : « j’ai dit ce que tous les journalistes souhaitaient que je dise depuis un quart de siècle ». Dans ses interventions, l’homme dit avoir la conscience taraudée et se présente désormais comme un repenti qui voudrait des relations ‘’assainies’’ entre la France et l’Afrique. C’est donc dans ses nouveaux habits de repenti que Bourgi dit faire ses aveux: des mallettes, des djembés, des sacs … bourrés d’argent ont quitté les palais présidentiels de pays africains pour atterrir en France dans les bureaux feutrés de l’Elysée. Des noms d’hommes d’état africains mais aussi ses complices français sont cités: Wade (Sénégal), Compaoré (Burkina), Gbagbo (Côte d’Ivoire), N’guéma (Guinée Equatoriale), Sassou (Congo), Bongo (Gabon), Chirac et De Villepin (France). Ces deux derniers cités sur qui il ne manque pas au passage de tirer à boulets rouges. Mais, fait curieux, l’homme prétend qu’avec Sarkozy ces pratiques ont cessées mais en même temps, dit vouloir y mettre fin. C’est à y perdre son latin ! Pour  les observateurs avertis mais surtout assidus de l’actualité internationale, cette sortie – même si Robert Bourgi qui se déculotte aujourd’hui au profit du Président français le dit à mots voilés – consiste à faire passer Nicolas Sarkozy pour un saint-homme, un véritable messie pour l’Afrique. Le tout sur fond de pré campagne électorale en France.

L’autre fait remarquable qui apparait pour ces mêmes observateurs comme un non-évènement et du déjà entendu, est celui de la participation du Président Laurent Gbagbo à ces ‘’financements occultes’’. Saisissant alors l’occasion, Mamadou Koulibaly ex-président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire, en manque de publicité pour son parti, se fait entendre à nouveau, et ce, dans un contexte tout aussi de campagne législative imminente en Côte d’ Ivoire.

Au-delà du remue-ménage et des transes collectives observés ça et là, suite à ces révélations, interrogeons-nous sur la ‘’rupture’’ d’avec ces pratiques ‘’françafricaines’’ qu’aurait décidé Nicolas Sarkozy, et voyons ensemble ce qu’il en est réellement.

L’expression ‘’Françafrique’’, selon des politologues, dénonce l’action  néocoloniale de la  France en  Afrique. C’est l’ensemble des relations personnelles et des mécanismes politiques, économiques et militaires qui lient la France à ses anciennes colonies africaines, ainsi qu’à un certain nombre d’autres pays africains. Héritées dans la plupart des cas d’un passé colonial commun, ces relations s’appuient sur des réseaux officiels mais surtout officieux. Certes les méthodes et procédés, depuis le temps de Jacques Foccart ont évoluées, mais ont surtout gagné en intensité ces 50 dernières années sur le continent noir. Les discours des nouveaux leaders occidentaux, sont aujourd’hui plus subtils et plus policés. Nous avons encore ne mémoire les discours d’Accra pour Barack Obama et celui de Dakar pour Nicolas Sarkozy. Tous disent prôner des relations ‘’décomplexées’’ et ‘’francs’’. Mais à la pratique, la réalité constatée sur le terrain nous offre un tout autre visage. Les dernières phrases  de Robert Bourgi confirment ce que la France entend désormais, avec Sarkozy, réserver à  tous ces chefs d’Etat africains qui ne cadreraient pas avec les  aspirations françaises: « Je sais que le président Nicolas Sarkozy, qu’Alain Juppé, seront intraitables quel que soit le chef de l’Etat africain, s’il y a atteinte aux règles de la démocratie et au bon fonctionnement de l’Etat. Ils seront intraitables». Avec Sarkozy, c’est la rupture ? Disons plutôt une rupture dans la continuité: rompre avec les anciennes méthodes, en inventer d’autres plus pernicieuses, enrobés de principes galvaudés tels ‘’le devoir de protéger’’ et ‘’la démocratie’’. Voilà les deux points clés autour duquel s’articule le discours néo-colonial.

De la responsabilité de protéger. Que protègent-ils en fait ? Officiellement, il s’agit les peuples contre leurs dirigeants dictateurs. Mais officieusement, il ne s’agit ni plus ni moins de protéger leurs intérêts égoïstes.

De la responsabilité d’inculquer les règles de la démocratie aux pays africains: aux yeux des occidentaux, les africains ressemblent à des enfants dont eux, occidentaux, en véritables guides éclairés, ont le devoir tenir les mains afin de leur montrer la voie paradisiaque de la démocratie, et ce, pour le propre bien des africains.

Des discours qui, à bien y réfléchir, provoquent l’indignation des africains jaloux de leur liberté et de leur souveraineté: «  De quel droit la France devrait-elle décider de la conduite à suivre dans tel ou tel pays africain ? En vertu de quelle loi,  fut-elle universelle, la France devrait-elle choisir celui qui doit présider aux destinés de tel ou tel Etat africain ? Tant que les africains assisteront impuissants aux agissements de ces prédateurs occidentaux, qui, fort de leurs puissance de feu, s’arrogent le droit de leur dicter la conduite à tenir, de décider à leur place ce qui est bon ou mauvais pour eux, les rappelant à l’ordre quand bon leur semble et de la manière dont ils le souhaitent, ces occidentaux se prendront toujours pour des donneurs de leçons. Ils seront toujours aux aguets,  épiant leurs moindres faits et gestes, violant ainsi leur souveraineté. Le 17 décembre 2010, lors d’un sommet du Conseil de l’Union Européenne Sarkozy menace et lance cet ultimatum au président élu par les ivoiriens: « Laurent Gbagbo a 72 heures pour quitter le pouvoir… ». On connait la suite… A travers les propos, et les attitudes du Président français, on remarque bien la que la France compte s’incruster durablement en Afrique, exercer une mainmise totale et sans partage sur ses ex-colonies. Cette approche française de l’Afrique n’a jamais changé. Les régimes successifs français n’ont fait que pérenniser cette pratique. La vérité implacable est là : La France compte toujours dominer l’Afrique pour s’accaparer ses richesses, en faire une chasse gardée, car sans l’Afrique et ses ressources, la France n’est rien, absolument rien.

Du démenti apporté par certains chefs d’état africains


Que des chefs d’état aient nié les propos de           Robert Bourgi, laisse hilarant plus d’un observateur. C’est en effet leur parole contre la sienne. Une transaction au cours de laquelle il n’y a eu aucun document écrit, aucune preuve palpable qui puisse la recouper. Une opération qui se déroule dans le secret des dieux, à l’insu du commun des mortels que sont les contribuables africains ! Cela fait penser  à une piteuse comédie où accusés et accusateur se renvoie la balle. La vérité se trouve ailleurs. Ce qu’il faut savoir ici, c’est que plus un dirigeant dure au pouvoir, plus il devient gênant pour les autorités françaises. En 30, 35 ou 40 ans de pouvoir, il en sait suffisamment sur les pratiques mafieuses de la françafrique. Il devient alors une menace pour l’Etat-colon français. La nouvelle politique française consiste donc à imposer de nouveaux dirigeants plus ‘’démocrates’’, c’est-à-dire plus malléables, plus béni-oui-oui que jamais, qui entrent à merveille dans le moule de la nouvelle politique africaine de la  France, avec Sarkozy. Alassane Ouattara, en Côte d’Ivoire en est un parfait prototype.

Ce que les africains doivent comprendre c’est que ces prédateurs occidentaux ont amorcé  une nouvelle ère de reconquête de l’Afrique. Une forme de domination à laquelle les africains devraient opposer leur intelligence, leur solidarité. Il est plus que jamais urgent que ces africains appréhendent cette nouvelle donne, en anticiper les effets dévastateurs pour le continent. Il est erroné de croire que  les dirigeants français aiment tant les africains au point de venir verser le sang de leurs soldats pour eux. C’est faux de croire qu’ils sont tellement démocrates, humanistes, qu’ils feraient  tout ce qui est en leur pouvoir pour les sauver de leurs misères. Seul Dieu – nous rapporte la Sainte Bible – l’a fait : «  Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique… ». S’il peut être vrai que ces  colons français aiment tant les africains au point de mourir pour eux, il ne reste plus alors qu’à ces derniers, à se prosterner aux pieds des occidentaux, leur adresser des prières de reconnaissance et louer leurs bienfaits !

Du cas Laurent Gbagbo

Pendant que certains feignent d’être surpris, d’autres s’interrogent. Comment lui, un panafricaniste a-t-il pu faire cela ? Cette révélation, en effet, n’entame en rien l’image de panafricaniste du Président Laurent Gbagbo. Il aurait remis de l’argent à l’émissaire de Jacques Chirac et après ? Dans une guerre il y a toujours des stratégies à adopter. Rechercher les points faibles de l’adversaire. Dans le cas d’espèce, il s’agit de la France et de l’argent comme appât. Calmer les ardeurs de l’ennemi, se donner un temps du répit en attendant de trouver la meilleure attaque qui lui donnerait le coup de grâce. Devant la puissance des armes, conscient de sa faiblesse, il fallait user d’intelligence, de sagesse. L’intelligence triomphe toujours de la force. Cette guerre est une guerre de survie, la survie de l’occident et de la France notamment. Pas de quartier pour les faibles. Il s’agit ici d’un vaste réseau mafieux, fait d’intimidations et de chantages, où règne la loi du plus fort,  et où les plus faibles sont impitoyablement rackettés. En marge des chefs d’état africains qui se complaisent dans cette vaste escroquerie, Laurent Gbagbo a peut-être comprit trop tard, qu’il n’y a pas de demi mesure dans cette affaire. Ou tu marches pleinement et entièrement avec ces vautours françafricains, ou tu ne le fais pas du tout. C’est  bien la triste leçon à en tirer.

Au total, comment faire comprendre aux africains, une fois pour toute, comme l’on se fatigue à le leur répéter que : « la liberté ne se donne pas, elle se prend ». Au lieu se dépenser à couiner, l’Afrique doit cesser d’être une spectatrice de l’offensive occidentale. Elle doit agir, mener la contre-offensive, ne pas se laisser surprendre, et se laisser imposer les points de vue de l’extérieur. Il faut à l’Afrique une politique plus agressive. A tous les africains, qu’ils sachent une fois pour toute que seuls leurs convictions, leur détermination, leur courage, et leurs principes finiront  par  triompher de cette machine infernale occidentale, des dirigeants français véreux et des commanditaires de la françafrique tapis dans l’ombre et assoiffés du sang des africains.

 

Marc Micael

Publié dans Afrique

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