L’Indépendance de l’Afrique francophone se joue en Côte d’Ivoire

Publié le par GUILLAUME DELLOH

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Getty Images

La France est entrain de voire disparaître progressivement son hégémonie d’autrefois en Afrique.

Alors qu’ils étaient seuls avant la colonisation et après le retrait soviétique dans les années 1980, les Occidentaux affrontent aujourd’hui, un concurrent de taille qui ne cache pas ses ambitions en Afrique: la Chine.

Derrière le conflit de succession à la présidence de la République ivoirienne se jouait, en réalité, le conflit d’influence entre le monde occidental et la Chine mais aussi avec d’autres puissances émergentes comme l’Inde.

Il y a au-delà tout le conflit sur le contrôle des ressources naturelles de ce pays et de ce nouvel Eldorado pétrolier qu’est le Golfe de Guinée. Un peu partout dans le continent, Français, Britanniques et Américains perdent des marchés au profit des nouveaux partenaires (Chine, Inde, etc.) qui eux veulent faire un marché gagnant-gagnant.

Après la contestation dans le monde arabe et latino-américain contre les intérêts pétroliers des firmes occidentales, l’Occident ne souhaite plus perdre le continent africain qui est le seul espace qui lui reste soumis.

Les milieux politiques occidentaux voient ainsi en Laurent Gbagbo celui qui représente cette Afrique qui cherche à se soustraire du contrôle occidental pour affirmer sa souveraineté tandis que Alassane Ouattara, «ami» des Français (en particulier de Sarkozy), ancien Directeur adjoint du Fmi, représente le gestionnaire idéal (parce que libéral) de la Côte d’Ivoire. À partir de ce moment, tous les dés sont joués. Il faut faire tout pour chasser l’homme Gbagbo du pouvoir le plus vite possible au risque d’empoisonner la sous région de cette politique de rupture totale avec l’occident. Il devient donc l’indésirable. L’homme à abattre pendant que Alassane Ouattara devient lui l’interlocuteur apprécié à Washington, Londres, Paris et Bruxelles.

Cette situation, qui quand bien même voit Gbagbo enlevé par les forces françaises, ressemble exactement au conflit entre pro et anti qui était extériorisé entre Lumumba et Mobutu. Au Congo, l’Occident avait utilisé de gros moyens pour liquider Lumumba et installer Mobutu au pouvoir parce que celui-ci défendait bec et ongles les intérêts des firmes et des puissances occidentales. Le sort de la Côte d’Ivoire ressemble malheureusement à celui du Congo ou les puissances occidentales sont allées enlever Gbagbo et placer leur pion Ouattara.

Gbagbo, comme Lumumba, est vu comme ce nationaliste dangereux tandis que Ouattara, comme Mobutu, est l’homme de l’ouverture du marché ivoirien aux intérêts des firmes et Nations étrangères.

Le décor congolais des années 1960 est bien planté en Côté d’Ivoire. Autrefois au Congo, la communauté internationale, en s’appuyant sur l’Onuc (l’Onu au Congo), était unanime quant à la liquidation physique de Lumumba, de la même façon, dans le cas de la Côte d’Ivoire, la même communauté internationale, en s’appuyant sur l’Onu en Côte d’Ivoire, était unanime quant à la liquidation de Gbagbo. Ce qui a conduit à son enlèvement.

Le conflit en Côte d’Ivoire est un exemple de la renaissance de la guerre froide, c’est-à-dire

de la guerre entre l’Ouest et l’Est sur le territoire africain et pour des intérêts extérieurs au

continent.

Mais est-ce que les Africains comprennent cela? Est-ce que les ivoiriens comprennent cela? Il appartient aux africains et en particulier aux ivoiriens de défendre leur pays, leurs intérêts. Nul ne le fera à leur place. Les autres ont faim, donc ils frappent le plus faible parce qu’ils savent que le groupe auquel appartient le plus faible ne réagira jamais. Il est rempli de peur, il est couvert de corruption, il est facilement achetable comme autrefois le colon a acheté ses ancêtres avec du miroir.

Au-delà de tout ce qui ce passe en Côte d’Ivoire, c’est tout le destin du continent africain (plus précisément de l’Afrique francophone) qui se joue en Côte d’Ivoire. L’issue finale de ce conflit déterminera si l’Afrique s’engage dans la voie de sa seconde indépendance en affirmant sa souveraineté ou si au contraire la recolonisation de l’Afrique reprend ses droits.

Si la Côte d’Ivoire perd dans ce conflit qui du reste n’est pas encore fini, le pillage des ressources naturelles de l’Afrique sera plus immense et plus profond, car l’Afrique est aujourd’hui, l’unique espace où les firmes occidentales imposent leurs lois sans négociation avec les autorités étatiques. Ils ont faim donc ils viendront se servir sans que personne ne lève le petit doigt.

Le retour définitif de la France en Côte d’Ivoire entraînera une menace plus sérieuse pour plusieurs pays de la sous-région ouest-africaine et de l’Afrique subsaharienne dans lesquels se trouvent des ressources naturelles stratégiques convoitées partout dans les capitales occidentales.

La question que nous posons est: Comment sortir l’Afrique de la nouvelle colonisation afin d’assurer sa souveraineté?

C’est cette question qui doit préoccuper les Africains dans leur ensemble mais plus particulièrement les Africains francophones plus touchés par la mainmise occidentale dans l’économie de chaque Nation. Les pays les plus puissants ont pris une telle avance qu’ils s’octroieront continuellement plus de droit de regard sur les pays les plus pauvres et les Institutions internationales sont devenues des lieux où leurs décisions sont imposées.

Nous assisterons au retour de la loi de la jungle dans la gestion de cet univers international déjà anarchique si les africains, plus particulièrement les ivoiriens ne font rien pour en sortir.

Source: Une analyse de Wikilibre – Infodabidjan.net

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